Très peu d’aménagements ont été apportés au processus de
riposte graduée par les sénateurs. En revanche, ils posent des
exigences concrètes en terme de chronologie des médias et d’abandon des
DRM.
Les sénateurs n'ont pas traîné pour adopter le projet de loi Création et Internet
(Hadopi) : une seule journée leur a suffi pour examiner quelque 200
amendements et valider le processus de riposte graduée tel que l'a
conçu le ministère de la Culture.
Comme prévu, si un internaute est pris en train de télécharger
illégalement, le mécanisme suivant se mettra en place : il recevra dans
un premier temps un email d'avertissement. En cas de récidive, il sera
prévenu des risques qu'il encourt par lettre recommandée. Enfin, s'il
persiste dans son comportement, il verra son accès internet suspendu,
sauf s'il accepte une transaction proposée par la fameuse Haute
Autorité (Hadopi).
Les différents courriers d'avertissements envoyés par
l'Hadopi, avant l'application d'une sanction, ne feront pas mention des
éléments téléchargés ou mis à disposition illégalement, ont tenu à
préciser les sénateurs. Il s'agit selon eux de protéger la vie privée
de l'internaute qui a téléchargé, car ce n'est pas forcément lui qui
recevra l'avertissement, mais la personne titulaire du compte ADSL qui
a servi pour commettre cette infraction.
Une coupure d'accès partielle ?
Les sénateurs ont repoussé très largement l'idée d'un des
rapporteurs du texte, Bruno Retailleau (Non inscrit), qui voulait
substituer une amende classique à la suspension de l'accès internet. En
revanche, ils ont adopté certains amendements encadrant plus
strictement cette procédure : la durée minimum de suspension sera d'un
mois, contre trois mois prévus initialement. Elle pourra toutefois
monter jusqu'à un an.
L'internaute pourra faire appel de cette sanction, mais cette
procédure ne sera pas suspensive : son accès internet sera donc
effectivement coupé en attendant qu'un tribunal ne tranche le litige.
Pour Christine Albanel, cela est obligatoire pour garantir « le bon
fonctionnement de la procédure » de sanction.
Un seul aménagement est envisagé, via une mesure proposée par
Michel Thiollière (UMP), le second rapporteur du texte. La suspension
de l'internet pourra être partielle, pour laisser un accès à la
messagerie ou à d'autres services, si l'évolution technologie des
fournisseurs d'accès internet le permet.
Six mois pour abandonner les DRM
Enfin, les sénateurs ont renforcé les obligations qui pèsent
sur les professionnels de la musique et de l'audiovisuel, pour
développer les offres légales. Concernant le cinéma, le texte laisse
aux ayants droit jusqu'au 31 mars 2009 pour se mettre d'accord sur la
chronologie des médias (délai de commercialisation d'un film en vidéo à
la demande après sa sortie en salle). Faute d'accord, une décision
finale sera prise par décret. Le gouvernement pourra à ce moment là
choisir de généraliser un accord en vigueur entre des organisations
professionnelles représentatives du cinéma et un ou plusieurs
diffuseurs.
Pour la musique, les représentants de l'industrie auront six
mois à compter de l'adoption du texte pour « mettre en place un
standard de mesures techniques assurant l'interopérabilité des fichiers
musicaux et sur la mise à disposition de catalogues d'oeuvres musicales
sans mesures techniques de protection ». En clair, les sénateurs
forcent la main aux majors pour supprimer les DRM.
Retrouvez d'autres précisions concernant le projet de loi sur le blog de Philippe Astor
Par Estelle Dumout, ZDNet France
Source ZDNet