Société - Faudra-t-il un jour
passer par Google ou Microsoft pour accéder à ses données médicales en
ligne ? C’est ce qui se profile aux États-Unis, où le moteur de
recherche et l’éditeur préparent des plates-formes rivales de gestion
des données au niveau national.
Les poids lourds américains de l'internet et de l'informatique
s'intéressent de près aux données médicales des internautes. Google a
annoncé la semaine dernière un partenariat avec l'hôpital de Cleveland
aux Etats-Unis, pour tester son projet de dossier médical personnalisé.
Le moteur de recherche propose aux patients qui le souhaitent de
transférer l'ensemble des données les concernant sur ses serveurs, de
façon à y accéder depuis le web en se connectant à leur compte Google.
L'hôpital dispose déjà d'un système de stockage des données,
baptisé MyChart, dans lequel il conserve trace de l'historique médical
d'environ 100 000 de ses patients. Cela va des ordonnances prescrites
aux précédentes interventions, en passant par les traitements ou
allergies. Avec leur accord, ce sont ces données qui seront récupérées
et mises à disposition par Google.
Les protecteurs de la vie privée sur la défensive
« Nous pensons que les patients doivent être capable d'accéder
facilement à leurs informations médicales et de les gérer », explique
Marissa Mayer, vice-présidente de Google. L'opération avec l'hôpital de
Cleveland est un premier test pour le moteur de recherche. Il
ambitionne à terme de créer un système d'enregistrement et d'accès des
données fonctionnant au niveau fédéral, et interopérable entre tous les
acteurs du secteur de la santé. L'objectif est aussi que les
utilisateurs puissent y accéder par un simple identifiant et mot de
passe, à partir d'un accès internet.
Mais sans surprise, ces projets reçoivent un accueil glacial
de la part des organisations américaines de protection de la vie
privée. Le World Privacy Forum prévient déjà des problèmes de
sécurisation que de tels systèmes, gérés par des sociétés privées,
peuvent occasionner surtout en cas d'usurpation d'identité en ligne.
L'organisme s'inquiète aussi d'une éventuelle utilisation commerciale
de ce genre de données, d'autant plus avec un acteur comme Google qui
détient déjà de nombreuses autres informations sur ses utilisateurs.
Microsoft se positionne avec son HealthVault
Les organisations américaines vont de toute façon avoir fort à
faire, car Google n'est pas le seul sur les rangs. L'ancien fondateur
d'AOL, Steve Case, a créé une nouvelle société dédiée,
baptisée Revolution Health, et le groupe InterActiveCorp a investi dans
plusieurs start-up dédiées à la gestion des données médicales.
Mais surtout, Microsoft s'apprête lui aussi à investir le
secteur : en octobre 2007, la firme de Redmond a ouvert son service
HealthVault, en version bêta, censé permettre à l'internaute de gérer
son carnet de santé en ligne. Pour améliorer son service, elle fait
désormais appel aux développeurs tiers, en allouant une enveloppe de
trois millions d'euros au développement d'un écosystème d'applications
autour de HealthVault. Le groupe demande en particulier des
applications sociales pour aider à décrypter les diagnostics ou encore
pour gérer des thèmes particuliers, tels que la santé des femmes.
Par Estelle Dumout, ZDNet France
Source ZDNet