Imaginez plus de 1000 volcans comme le St.Helens ou le Pinatubo entrant
en éruption simultanément...Les conséquences pour les éco-systèmes et
les êtres vivants sont dévastatrices, et vont jusqu'à l'extinction des
espèces. Une sorte de volcan est capable de tels désastres, ce que les
géologues et vulcanologues appellent communément les "super-volcans".
L'activité de ces super-volcans est essentiellement connue
grâce aux études menées sur l'éruption du Toba à Sumatra, survenue il y
a 74 000 ans.
L'énergie libérée par la super éruption du Toba aurait été équivalente à 1 GT de TNT, soit environ 67 000 fois la bombe d'Hiroshima.
C'est une VEI 8 (Indice d'explosivité volcanique, variant de 0 à 8),
dix fois plus intense que le seuil minimum, produisant des effets
similaires à celui de l'impact d'un astéroïde d'au moins 800 m de
diamètre sur un sol granitique.
Suite à l'éruption du Pinatubo en 1991, nous savons que les
cendres transportées jusqu'à la stratosphère, à plus de 18 km
d'altitude à cette latitude, ont obscurci la lumière du Soleil et
entraîné un refroidissement du climat à l'échelle mondiale. L'année qui
suivit cette éruption, on assista en effet à une chute de la
température globale moyenne de 0.5°C. En comparant la quantité de
matière éjectée par le Pinatubo mais également le St.Helens (VEI 5), le
Krakatoa (VEI 6) et le Tambora (VEI 7), le géologue Michael Rampino,
professeur à l'université de New York, a évalué la chute de température
provoquée par le Toba à 5°C.
Le lac Toba, à Sumatra. Un lieu
idyllique...L'île à droite de l'image est la caldera qui s'est formée
après la dernière éruption il y a 74 000 ans.
A l'échelle du climat de la planète, une chute de 5°C représente un
hiver global. Aux latitudes élevées (50-70°) cela représente un
refroidissement de 15°C durant les mois d'été : l'Europe qui supporte
30°C parfois 40°C en été verrait tomber de la neige en juillet; on
assisterait à un hiver volcanique. A titre de comparaison, le
réchauffement de l'atmosphère observé depuis un siècle, est de 0,5
degré.
Les effets sur l'agriculture, sur la croissance des plantes et sur la
vie océanique seraient catastrophiques. Ce temps hivernal où
l'Angleterre, la Scandinavie et le Canada subiront un climat polaire
devrait persister durant des années portant un coup fatal à beaucoup
d'êtres vivants, animaux et végétaux. Il y a 74 000 ans, l'explosion du
Toba fut un cataclysme monumental, cent fois supérieur au Pinatubo aux
Philippines en 1991...
Le super volcan de Yellowstone
Le plus dangereux de ces volcans, encore en activité
actuellement, est celui niché dans le parc de Yellowstone aux
Etats-Unis. Très exactement, il s'agit d'une mer de lave de 1200 km²
située à quelques kilomètres sous la surface de la Terre.
Situé sur la côte ouest du pays, ce volcan est celui que les Américains
redoutent depuis des années comme possible déclencheur du "Big One".
Le canyon de Yellowstone aujourd'hui, près de la caldera
Si elle se produisait, la super éruption de Yellowstone serait entre
1000 et 2500 fois plus puissante que celle du Mont St.Helens, une
puissance que le Yellowstone a déjà mis en oeuvre par le passé. Il
explose en moyenne tous les 600 000 ans, et cela fait maintenant 640
000 ans qu'il est endormi.
Si elle survenait, l'explosion donnerait lieu à un scénario
apocalyptique: entre 1000 et 2500 km3 de cendres et de matière
volcanique libérées dans l'atmosphère, des millions de personnes
instantanément brûlées, hiver volcanique de dix ans, couche d'ozone
tellement fragilisée que les ultra-violets ne seront plus filtrés et
deviendront très dangereux....Quant à la faune et la flore, les
cultures, la vie sur Terre en somme, on n'en parle même pas.
La raison des inquiétudes récentes ? Les détecteurs sismiques sur place
à Yellowstone, douze stations GPS, et le radar spécialisé du satellite
Envisat de l'Agence Spatiale européenne, ont enregistré une
recrudescence de l'activité du volcan depuis 3 ans, et le sol s'élève
anormalement de 7 centimètres par an. Une élévation trois fois
supérieure à la normale, depuis le début des mesures en 1923.
La zone grise sur cette carte des Etats-Unis,
figure les régions qui seront instantanément détruites par l'éruption
du volcan de Yellowstone (le point rouge sur la carte)
Que faire contre un super-volcan?
Néanmoins, les chercheurs sont divisés sur la forme que prendrait une
éventuelle éruption : coulées magmatiques ou projection dans
l'atmosphère ? Pour l'heure, la surélévation constatée "n'est pas le
signe d'une éruption volcanique ou d'une explosion hydrothermale
imminentes", tempère Robert Smith, sismologue et professeur de
géophysique à l'université de l'Utah, qui a dirigé l'étude publiée dans
Science sur ce supervolcan.
Doit-on déjà préparer les bunkers ? Pour anticiper un réveil
qui pourrait être catastrophique, l'observatoire volcanologique de
Yellowstone a décidé, en 2006, de doter le site de systèmes
d'observation et d'alerte plus perfectionnés, selon un programme qui
s'échelonnera jusqu'en 2015.
Par ailleurs, les scientifiques restent de toute façon partagés sur les conséquences d'une telle éruption.
Entre les pro-Apocalypse pessimistes qui considèrent que l'humanité
entière disparaîtra à la suite du cataclysme, et ceux qui jugent une
telle affirmation trop hardie voire dangereuse pour les
espris...L'éventail est large. On ne peut guère espérer qu'une chose:
que le volcan préfère le sommeil à un réveil dévastateur.
par Emmanuelle Carre.
Source Lycos