Va-t-on vers une nouvelle crise des missiles entre Washington et Moscou?
REUTERS/Denis Sinyakov ¦ Un bombardier Tupolev TU-160 au salon d’aviation MAKS-2007 à Zhukovsky vers Moscou
La Russie pourrait envoyer ses bombardiers, capables de transporter des armes nucléaires à Cuba, selon le quotidien «Izvestia», proche du Kremlin, réveillant le souvenir de la crise des missiles de Cuba de 1962. Le point sur la situation.
Rumeurs ou vraie info?
Une «source militaire et politique» aurait confirmé, à l’agence russe
Interfax, que des bombardiers stratégiques russes pourraient faire
escale à Cuba pour se ravitailler lors de patrouilles au-dessus de
l’Atlantique, ajoutant que des spécialistes russes avaient déjà
effectué une mission de reconnaissance. Mais il n’a pas précisé si la
Russie allait rouvrir une base à Cuba ou utiliser une base cubaine pour
ses escales. Un porte-parole du ministère russe de la Défense a refusé
tout commentaire à ce sujet, sans réfuter l’information. La Maison
Blanche a également refusé de commenter ces informations.
Quelles peuvent être les raisons derrière une telle annonce?
«Pendant qu’ils déploient le bouclier anti-missiles en Pologne et en
République Tchèque, nos bombardiers stratégiques seront déjà entrain
d’atterrir à Cuba», a affirmé cette source. Le déploiement de
bombardiers serait donc une réponse à la décision d’installer des boucliers anti-missiles américains en Europe de l’Est, l’un des principaux facteurs de tensions entre Washington et Moscou, qui y voit une menace directe.
Les bombardiers stratégiques, qu’est-ce que c’est?
Les Tupolev (Tu-160 et Tu-95)
peuvent transporter des bombes nucléaires et peuvent déjà techniquement
patrouiller près des côtes américaines à partir des bases russes.
Longtemps mis au placard, ils ont repris leurs vols en 2002 après une
décision du Président de l’époque, Vladimir Poutine. Ils ont d’ailleurs
survolé un porte-avion américain dans l’Océan Pacifique en début
d’année.
Y a-t-il un risque d’escalade?
Certains experts russes ont rejeté le risque d’une nouvelle crise des
missiles. Un spécialiste militaire indépendant, Alexander Golts, a
déclaré au «Washington Post»
que ce n’était qu’une «stupide guerre psychologique. Poutine et
Medvedev sont très agressifs dans leurs paroles mais très prudents en
pratique.»
Les Américains prennent pourtant ces rumeurs très au sérieux. Le
nouveau chef d’Etat-major de l’Armée de l’Air a d’ailleurs indiqué
qu’une telle décision reviendrait à franchire «une ligne rouge pour les
Etats-Unis».
La crise des missiles de Cuba de 1962
Ces informations rappellent la crise de 1962, en pleine guerre froide,
quand les Etats-Unis et l’Union Soviétique ont été pendant 12 jours au
bord d’une guerre atomique après le déploiement de missiles nucléaires
soviétiques à Cuba. Au final, l’URSS a accepté de retirer ses missiles
en échange de la promesse secrète des Etats-Unis de retirer leurs
missiles basés en Turquie. Vladimir Poutine a d’ailleurs souvent
utilisé la menace d’une nouvelle crise des missiles pour faire monter
l’opposition contre le bouclier anti-missile.
REUTERS/Denis Sinyakov ¦ Un bombardier Tupolev TU-160 au salon d’aviation MAKS-2007 à Zhukovsky vers Moscou
Kéthévane Gorjestani
20Minutes.fr,
éditions du 23/07/2008 - 15h55